lundi 13 janvier 2020

LETTRE DE PLATON




Lettre numéro DEUX aux futurs élus



L’abondant courrier reçu depuis la parution de la lettre numéro UN me reproche d’avoir été trop rude avec les vaillants citoyens qui auront le courage au mois d’avril, de briguer dans notre ville la magistrature suprême. Je les admire au contraire comme j’admire Jules César qui aurait avoué dans la Guerre des Gaules qu’il eut préféré être le premier à Nanteuil-le-Haudouin que le second à Rome.



Je m’en excuse et prie ces vaillants candidats de ne pas prendre ma rhéthorique au pied de la lettre et de n’y voir que le souci de remonter les bretelles à leurs concurrents s’ils croient pouvoir faire tenir leur pantalon avec une écharpe tricolore.

Ceci dit, mesdames et messieurs les colistiers et futurs conseillers, celui ou celle qui sera le futur Maire de Nanteuil vous fait un grand honneur en vous sollicitant - en acceptant ce choix, vous lui témoignez une grande confiance - tandis que les citoyens de Nanteuil en vous élisant, vous délèguent la lourde responsabilité de prendre une part active à la vie politique. Mein Gott, que le monde est beau et comme il est gentil !


Petit rappel lexicologique :

Politique. comme Policier et Polisson, Politique vient tout droit de la Grèce antique. POLIS désignait LA VILLE et politique désignait l’ensemble des talents qu’il faut savoir développer pour administrer la ville.
Maire, le mot est une déformation du latin major, le premier, le plus grand, et par extension meilleur et majuscule.
Conseillère, conseiller du latin consilio, désigne celle et celui qui ont le privilège de donner les conseils au maire…  et en bonne démocratie, ils ne devraient pas s’en priver.

LA PLACE DE MAIRE EST DURE A CONQUÉRIR
ET PLUS DIFFICILE ENCORE A CONSERVER.




Axiome numéro UN : L’apolitisme n’existe pas.  Ce serait une cruelle naïveté pour chacun de vous qui allez vous engager, de croire que la vie municipale peut être apolitique : par définition tout ce qui concerne la ville appartient à la politique et chacun de vos choix, chacune de vos décisions concernera la ville. c.q.f.d.


Axiome numéro DEUX : La politique ça s’apprend. Que vous soyez Agriculteur, gendarme, médecin  ou instituteur, vous ne connaissez pas gand chose à la politique locale. Avant de vous présenter devant vos électeurs, assurez vous que vous maîtrisez le B+A=BA de votre nouveau métier. Savez-vous ce qu’est un PRU, un PLU, une ZAC, comment régler un conflit avec la Communauté de Communes, savez-vous lire un budget et savez-vous que les impôts locaux  à Nanteuil sont trois fois plus élevés qu’à Paris ?  Savez-vous combien de Nanteuillais vivent au-dessous du seuil de pauvreté, combien coûte un emprunt, comment résister à la corruption ? Avez-vous déjà garé votre voiture à six heures du matin sur le parking de la gare ? Savez-vous s’il convient de baiser la main de madame la préfète ?

Si vous ne savez pas tout ça, il est grand temps de vous mettre au travail et d’organiser pour toute votre équipe un stage de remise à niveau comme cela se fait dans toutes les professions. Faites appel à un ancien maire ou à un sage qui vous donnera les clés de votre nouveau métier et vous ouvrira les voies de l’estime et du succès.

Sinon vous devrez apprendre sur le tas, vos six premiers mois seront perdus pour tout le monde. Vous vous croirez très fins en détruisant ce qui a été péniblement conçu par votre prédécesseur mais vous resterez désarmés devant un banquier un lotisseur ou devant un architecte qui ne parlera pas le même langage que vous, vous serez une proie facile pour un aigrefin et votre ignorance fera de vous un objet de risée pour votre secrétaire de mairie et pour votre percepteur.

Axiome numéro TROIS : Les promesses, même électorales, doivent être tenues  Depuis le temps que les électeurs se font berner, on pourrait penser que seuls les benêts et les naïfs croient encore aux promesses électorales tandis que les autres viendraient à chaque élection grossir les nombre des abstentionnistes. Vous vous feriez honneur en ne faisant que des promesses que vous savez pouvoir tenir. En contrepartie, l’amitié et la confiance de vos administrés viendront vous en récompenser et la démocratie aura tout à y gagner.



Pour aujourd’hui, c’est fini. Je me suis donné pour défi de ne prendre parti pour aucun des futurs maires. Chacun d’entre vous a des chances de gagner et votre détermination vous honore. Monsieur Sellier, actuel maire de Nanteuil, a présenté ses vœux il y a quelques jours à la population. Nous savons qu’en dépit d’un bilan un peu maigre qu’il a l’intention de se représenter et, en toute impartialité, je lui souhaite bonne chance, mais je sais que la politique est un combat et je fais confiance aux différents candidats pour s’entre-déchirer comme au bon temps de l’école communale.

 A propos d’école !!!! Voilà un sujet qui fâche et qui risque d’aiguiser les rancœurs !
                 
 Où en êtes vous les uns et les autres ?
Platon