mercredi 8 janvier 2020

LETTRE DE PLATON





Lettre numéro UN aux futurs élus

Moi, Platon, au temps où je vivais dans la Grèce Antique, on me prêtait le nom de philosophe et je suis un des pères de la démocratie. A ce titre je ne peux garder le silence alors que se préparent dans la bonne ville de Nanteuil les élections municipales en vue desquelles trois ou quatre fringants étalons vont s’affronter, se défier en des joutes mémorables et peut-être même s’insulter. Comme vous, Citoyens, je déposerai mon suffrage au jour venu, mais d’ici là je me fais une obligation de rester au-dessus de la mêlée et ne comptez pas sur moi pour vous dire à qui il convient de donner vos suffrages. 

Je rends hommage au courage des trois ou quatre auriges, aux valeureux athlètes qui s’entraînent pour, au printemps 2020, décrocher sur le mât de cocagne la belle écharpe tricolore et la ceindre pendant six ans. Mais avant ce jour, la règle du jeu leur impose de composer une équipe de vingt-sept colistiers dont treize femmes et demi et de les convaincre de s’allonger sur leur liste… pardon, je voulais dire, d’allonger leur liste. Et ça, 

Le choix des colistiers est une affaire complexe : regardez la mésaventure de celui qui était parti un jour comme un processionnaire suivi de son docile troupeau ; parti avec vingt-trois, il n’en a trouvé que cinq, six ans plus tard, pour voter son dernier budget ; tous les autres avaient démissionné entre-temps ou s’étaient faits porter malade. S’il se représente je lui souhaite meilleure chance, encore lui faudra t-il être clairvoyant dans le choix de ses amis.

Il va lui falloir avec son équipe, concocter un programme original, cohérent et pas trop utopique. C’est dans la concertation que se soude une équipe et je m’interroge sur celui qui nous a présenté au mois d’octobre un programme idéal et réglé comme du papier à musique avant même de savoir avec qui il va travailler : regardez comme je suis beau et ralliez- vous à mon panache ! Qu’importe, comme aux autres, je lui souhaite bonne chance.

Il lui faudra enfin présenter ce programme à la population, se faire aimer et se faire désirer, serrer des mains, assister aux matchs de football, participer aux conseils d’école, visiter les pensionnaires de l’hôpital du Beau Regard - c’est la seule fois en six ans qu’il y mettra les pieds - et surtout, il se sentira obligé de faire des promesses en se souvenant qu’il y a loin de l’utopie à la réalité, que les électeurs ont trop souvent été bernés et que même une promesse électorale devrait être tenue. 


Il lui faudra apprendre son nouveau métier. Qu’il soit gendarme, avocat, instituteur ou même agriculteur, rien ne le prépare au métier si exigeant de premier magistrat. Avant de se présenter devant les électeurs il lui faudra montrer patte blanche, expliquer qu’il sait lire un bilan, préparer un budget, parler avec un architecte, un urbaniste, un lotisseur et résister aux tentations et à la corruption, en gros il lui faudra persuader les électeurs qu’il ne perdra pas la première année de son mandat à apprendre son métier...

Enfin, et surtout, son programme devra répondre aux vrais besoins des Nanteuillais. Que le futur maire laisse ses concurrents se livrer à leurs menus plaisirs, l’horloge de la mairie, les repas végétariens ou les caméras de vidéo-surveillance et qu’il donne sa position sur les vrais sujets qui pourrissent la vie des Nanteuillais :

1. La construction d’une nouvelle école 






                                                                             






2. Le ramassage des ordures.


C’est un sujet qui appartient à la CCPV mais son traitement déplorable pollue depuis trois ans les rues de Nanteuil encombrées du lundi au dimanche par des poubelles jaunes et noires surdimentionnées.

                               3. Le parking de la gare.  















4. La protection contre les inondations.    













5. La lutte contre la spéculation immobilière et la délivrance effrénée des permis de construire dans une ville qui n’a pas encore digéré le passage de 1800 à plus de quatre mille habitants. Il reste hélas d’immenses surfaces à bétonner et de juteux bénéfices à réaliser par des promoteurs peu scrupuleux.    


Voilà messieurs les candidats, les vrais sujets dont vous aurez à discuter avec vos équipes dans les mois à venir avant de nous présenter un programme pas trop bancal. Monsieur le maire assure dans son dernier bulletin que les caisses sont pleines et que tout reste à faire. C’est une situation inespérée pour la prochaine mandature et je souhaite personnellement que celui d’entre vous qui gagnera soit à la hauteur des tâches qui se dessinent.

Je vous souhaite une large réflexion et une bonne chance à tous.
Platon