mercredi 5 février 2020

LETTRE DE PLATON






Lettre numéro QUATRE

Ça y est, trois listes complètes ou presque complètes sont constituées. Merci mesdames et messieurs. J’ai envie de vous féliciter pour votre engagement et votre civisme mais en fait, vous êtes des bienheureux et n’avez nul besoin d’être adulés. Les deux mois qui viennent seront parmi les plus enthousiasmants de votre vie ; deux mois consacrés à l’apprentissage de votre futur métier de maire, d’adjoint, de chef de commission et de conseillers du maire. Deux mois qui seront consacrés à faire le tour des problèmes qui se présentent ou se présenteront à notre ville dans les six années à venir et au-delà. Deux mois que vous allez consacrer à être les meilleurs au jour J.

Nanteuil-le-Haudouin est une petite ville heureuse et le visiteur occasionnel n’y verrait que sa jolie église, sa place de la mairie proprette, son terrain de football et les grands arbres du parc des écoles. Tout va très bien sinon peut-être que la ville risque d’être submergée par les inondations, qu’il n’y a aucun projet scolaire, qu’il n’y a presque plus de commerçants dans le centre-ville et que les pauvres travailleurs qui prennent le train, pataugent matin et soir dans la gadoue du parking de la gare.

LES ECOLES SONT UN DEFI MAJEUR

Je vous rappelle que les bâtiments des écoles primaires et maternelles sont à la charge et sous la responsabilité de la commune. Selon le maire sortant, un projet existerait mais apparemment il n’a pas été validé, il n’existe que sur le papier et il appartiendra à la municipalité 2020 de le faire sien ou de le récuser.

UN PEU D’HISTOIRE.  Le problème n’est pas nouveau et la plupart d’entre vous est jeune ou n’habitait pas Nanteuil voici vingt ans ; un peu d’histoire vous éclairera.

Premier acte. Construit en hâte dans les années quarante pour remplacer les écoles détruites par le bombardement, un groupe scolaire comprenant une école de filles, une école de garçons et une école maternelle fut édifié sur pilotis au milieu d’un ancien jardin délaissé qu’on appelle depuis le parc des écoles.

Deuxième acte. 2003.  Devenue vétuste et insuffisante aux besoins des tout-petits, l’ancienne école maternelle est réhabilitée, on lui adjoint une extension de haute qualité environnementale comprenant une nouvelle chaufferie et une extension comprenant deux classes équipées d’un dortoir, de mezzanines, d’une nouvelle salle polyvalente et de sanitaires. La construction bois est performante avec une isolation renforcée.
L’école de filles et l’école de garçons dont les pilotis sont en train de s’enfoncer dans le marais, sont rasées et remplacées par le groupe scolaire Chevance Bertin.
Ces deux chantiers sont conçus pour durer, ils datent de moins de vingt ans et les annuités bancaires ne sont pas encore payées.
En même temps que sont construites ces nouvelles écoles, le parc est réaménagé et conçu comme un lieu de promenade et de loisirs, un espace vert au cœur de la ville

Troisième acte. La nécessité d’agrandir l’école date de 2008 … plus de dix ans et la municipalité de l’époque envisage la construction d’un deuxième groupe scolaire qui est prévue à l’emplacement de l’ancien Lycée Professionnel dans le quartier du Bel-Air.

Quatrième acte. En 2014, le chantier est sur le point de démarrer mais à l’occasion d’un changement de maire, tout le projet est remis en cause et le terrain réservé pour la construction d’une nouvelle école est cédé à l’OPAC de l’Oise qui s’empresse d’y construire cent logements (soit trente à quarante élèves supplémentaires pour une école qui n’existe pas !)


DES LORS IL N’Y A PLUS DE TERRAIN POUR CONSTRUIRE UNE ECOLE,

ON MET TRANQUILLEMENT LE PROJET SCOLAIRE EN COUVEUSE.


Malheureusement, trois ans plus tard, devant la croissance inexorable de la population scolaire, on ne peut plus reculer et il faut lancer un nouveau concours d’architecte. La nouvelle école sera construite à côté de l’ancienne sur un terrain qu’on sait marécageux et inondable. Pour ce faire, on détruira l’école maternelle qui a moins de quinze ans et n’est pas encore payée tandis qu’on sera contraint de défigurer le parc paysager. On ne prend pas en compte les problèmes posés aux professeurs et aux élèves par cette école surdimensionnée.

Cinquième acte, 2020, c’est à vous de jouer. L’urgence est à vos pieds. La ville de Nanteuil frise ou dépasse aujourd’hui les 4000 habitants, dont une proportion importante de jeunes ménages et de familles avec plusieurs enfants. De nouveaux permis de construire délivrés à la pelle laissent poindre le seuil des cinq mille habitants qui tous demandent la sécurité et la mise à disposition d’équipements adaptés. C’est à vous qui allez être élus dans moins de deux mois qu’il revient en toute priorité de gérer et de financer une construction qui depuis plus de dix ans, ne doit plus attendre.

QU’ALLEZ-VOUS FAIRE DE CETTE GALERE ?

Dans un premier temps, il vous faut recenser les besoins : Combien d’élèves, combien de classes, combien de professeurs et quand ? Il vous faut mesurer l’urgence réelle ou supposée. Faut-il reprendre dans la précipitation un projet qui n’a pas été jugé prioritaire par la municipalité précédente ou faut-il au contraire se donner le temps de réfléchir ?

Dans un deuxième temps, il vous faudra évaluer l’état du projet. Jusqu’où la municipalité précédente s’est-elle engagée avec le cabinet d’architecte Bellière Manière ? A-t-elle un projet pour la construction d’une nouvelle école maternelle, puisque celle-ci doit être détruite ! Que ferez-vous de tous ces petits entre deux et cinq ans ? Les bruits les plus farfelus courent sous le manteau et je me refuse à les croire, encore moins à les diffuser.

Puis il vous faudra choisir :
- Faut-il reprendre un projet qui implique la destruction de bâtiments scolaires existants (la maternelle) et l’amputation du poumon vert de Nanteuil en même temps qu’elle concentre en un même lieu inondable un trop grand nombre d’élèves. Faut-il au contraire revenir à l’idée de deux groupes scolaires plus conforme à mon sens au devenir d’une ville comme Nanteuil dont on ne peut prévoir la future extension ?  

- Que faire du parc paysager qui serait profondément remanié par la construction d’une école primaire grande comme une université ?

Ce sera à vous d’en décider et de prendre toutes vos responsabilités ! Les bruits les plus fous circulent dans Nanteuil sur les intentions des uns et des autres et lorsque vous présenterez votre programme aux électeurs il sera seulement indispensable d’être clair sur vos intentions.

                                                         PLATON