lundi 15 octobre 2018

STREET ART


Je m'appelle Clara
et je ne suis pas une pute !

Est-ce ça l’art populaire ? Je m’appelle Clara et je ne suis pas une pute mais chaque jour à l’aller comme au retour, sur le chemin du collège, je rougis et je pleure en passant devant ce graffiti infamant. Je pleure de rage contre la balourdise de ce faux artiste, contre l’éducation à chier qu’il a reçu dans sa famille, contre l’inaction des policiers et des gendarmes qui laissent faire, contre l’inertie des pouvoirs municipaux qui n’ont même pas déposé plainte, je pleure de rage devant la couardise des adultes, je hurle contre une société qui ne sait pas protéger ses enfants, contre des voyous machistes qui sèment la haine et le mépris entre les garçons et les filles à un âge où nous nous éveillons aux beautés de l’amour, je conchie les éducateurs qui n’osent pas écrire en public ce que j’écris aujourd’hui. 


Mesdames les conseillères municipales c’est à vous que je m’adresse. Vous savez bien que la violence commence avec des mots, avec des images et se termine par de la barbarie, par des coups et des viols. Vous n’êtes peut-être jamais passées dans la ruelle des eaux sauvages et vous n’avez peut-être jamais été mortifiées comme je le suis chaque jour. Vous n’avez peut-être jamais réfléchi au machisme et à la haine que véhiculent ces images mortifères.


Ces graffitis défigurent les murs de notre village depuis presque un an. Un an de trop qui vous rapproche de la date où vous devrez défendre votre bilan devant les électeurs. S’il vous plait et au nom de toutes les femmes, si vous ne le faites pas au nom du bon goût, faites le nécessaire, intervenez auprès du maire pour qu’il nettoie les murs de notre village et qu’il efface ces appels au mépris et à la malséance.  


                        Propos anonymes recueillis par PLATON