Une catastrophe naturelle ….
Le 6 juin 2018, venues de tous les points cardinaux, en
quelques minutes l’eau et les torrents de boue, balayant tout sur leur passage,
inondant les caves et les garages, arrachant les arbres, les trottoirs et
transformant les ruelles en torrents, les rues en cloaques où surnageaient
pêle-mêle les betteraves, les objets de toilette, les excréments et les
bouteilles en plastique, charriant des tonnes de terre arable et de caillasse,
ont envahi notre ville.
L’événement a été classé catastrophe naturelle, merci
monsieur le Maire, merci monsieur le Préfet, vous avez fait votre boulot et
vous l’avez bien fait, permettant aux riverains dont les habitations ont été
inondées, les voitures emportées ou les trottoirs dévastés d’être indemnisés et
à la ville de panser ses blessures.
…qui n’était pourtant pas si naturelle que ça !
La catastrophe,
n’était pourtant pas surnaturelle, elle était même parfaitement prévisible si
on se réfère aux inondations chaque fois plus graves de ces dernières années,
si on se souvient des égouts qui débordent, des caves inondées, des coulées de
boue qui voici trente-cinq ans, ont envahi la rue du Moulin Ferry. Sans se
lancer dans la chasse aux sorcières, on peut s’interroger sur la responsabilité
des agriculteurs qui bétonnent leur terre entre les rangs de betterave, sur
l’absence de bosquets, sur l’absence de fossés et surtout sur les effets d’une
urbanisation délirante qui rend les sols imperméables.
Une urbanisation mal maîtrisée.
La catastrophe était pratiquement programmée par l’oubli
d’une règle physique élémentaire : l’eau, si elle ne s’enfonce pas dans le
sol, est appelée à couler. Elle est appelée à couler et elle coule
immanquablement vers le bas, c’est à dire vers le centre de la ville. Au mépris
de cette règle élémentaire, les urbanistes et nos élus locaux ont agencé depuis
plus de cinquante ans la construction extensive de routes, de
zones d’habitation, de zones industrielles et commerciales, de leurs immenses
parkings bitumés à 100%. Mal entretenus, les bassins de rétention restent
inopérants, les égouts sous-dimensionnés débordent à chaque orage et notre
village qui voici cinquante ans comptait 1800 habitants, en recense plus de
quatre mille aujourd’hui.
Elus ou citoyens, nous sommes solidairement responsables de
l’avenir
Il appartient non seulement aux élus mais également
aux fonctionnaires de la DDE et aux pouvoirs publics de prendre leurs
responsabilités. Qu’en est-il du projet d’extension du centre commercial et de
la création de son immense parking entièrement bitumé don les eaux
inéluctablement viendront grossir le flot des inondations à venir. Il
appartient surtout aux habitants de notre ville d’exiger des comptes avant que
l’irréparable permis de construire ne soit signé
Ce sera dans un an, dans dix ans, on ne sait quand,
mais le
pire reste à venir.
On DOIT s’interroger
sur la capacité de la ruelle des eaux sauvages à absorber les crues. La ruelle
des eaux sauvages passe sous un tunnel surplombé par la rue Gambetta et les immeubles
qui la bordent On DOIT s’interroger sur la résistance de ce tunnel qui doit
laisser passer le torrent incontrôlable qui a atteint lors de la dernière crue
un débit inquiétant et critique. On doit s’interroger sur la capacité
des murs à supporter le poids des flots.
Souvenons-nous de la catastrophe de Vaison la Romaine en
1992 et de ses 47 morts. Les événements du 6 juin ont valeur de semonce et plus
qu’une commune sinistrée, Nanteuil-le-Haudouin est une commune exposée par sa
situation géographique et par les blessures que nous lui infligeons depuis plus
de cinquante ans.
Il appartient à tous les responsables, élus et
fonctionnaires de prendre la mesure du danger. Les malheurs n’arrivent pas
toujours qu’aux autres.
Les hasards du calendrier me conduisent à saluer le courage
de Nicolas Hulot qui vient de nous tirer sa révérence. Il se bat depuis
toujours contre des moulins à vent (pas les éoliennes) pour que la terre
reste la belle planète que nous ont léguée nos ancêtres. Il se bat sans
illusion contre l’obstination aveugle des lobbies et leur soif de profit.
PLATON
Mes amis et ceux qui me connaissent n’auront aucun mal à
m’identifier mais j’ai choisi ce pseudonyme pour signer mes articles. J’aurais
pu choisir Cassandre mais Platon me plait assez, ce philosophe qui disait
paisiblement à ses contemporains
des choses qu’ils n’étaient pas prêts à entendre. .